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Photo du rédacteurDominique Jacques ROTH

Après confinement…

Dernière mise à jour : 13 mai 2020


Que n’a-t-on entendu proclamer ? Que d’espoirs n’ont été proférés ! Que face à la catastrophe, l’acteur principal, c’est l’État Providence. Que la question sociale est au cœur de la crise. Qu’il serait indigne si rien ne changeait dans la hiérarchie des valeurs sociales et de leur rétribution à hauteur de ce qui permet au capitalisme de fonctionner sans « grippage ». Que ce n’est plus défendable, qu’on ne va pas revenir à une “normalité” faite d’impréparation, de multi dépendance, d’insécurité financière, de fragilité collective, irresponsabilité écologique, etc. Bref, que l’après Covid-19 ne ressemblera pas à l’avant. Même pour le président allemand Frank-Walter Steinmeier « le coronavirus n'est pas une guerre, mais un test d'humanité"… ce qui est louable. Mais, poursuit-il, « les pays faibles doivent devenir aussi forts et sains que l’Allemagne ». Cette réserve donne le ton face à toute volonté de changement.


Quand l’héroïsme des soignants ne servira plus que de preuve à l’efficacité d’une organisation triomphant de la pénurie sensible de moyens, il est fort probable que la compulsion de répétition s’emballe à nouveau sans que quelque homme politique se soit donné la peine de répondre au questionnaire proposé par Bruno Latour. Les discours de reprise de la croissance pour la dépasser encore en travaillant davantage, n’ont pas tardé à sortir de la bouche de Geoffroy Roux de Bézieux et ne manqueront pas d’être relayés par ses affidés. La volonté de changement ne subsistera plus qu’au titre de pâle velléité devant la nécessité absolue de rattraper ce qui a été perdu. « C’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner », disait Warren Buffet l’homme le plus riche du monde en 2005. Ses épigones ne l’ont pas oublié.


Le risque est donc réel que la crise soit au contraire le prétexte rêvé à un nouveau tour de vis. Le capitalisme mortifère n’a pas son égal pour laminer la sphère publique au lendemain de désastres, fussent-ils sanitaires, afin d’engranger de nouveaux profits.


Après avoir glorifié les soignants, la demande faite « en même temps » E. Macron à la Caisse des Dépôts de mettre en place des partenariats public-privé vertueux pour accélérer la privatisation de la santé ne manquera pas de dynamiser sa politique de casse sociale. La plasticité idéologique est constitutive d’un capitalisme génétique qui ne saurait reculer devant une pandémie sans réagir plus férocement encore qu’auparavant.


Le contenu monstrueux et tant refoulé que la forme « quantophrène » du capitalisme a conféré au Coronavirus en rendant le monde « indisponible », ne saurait entamer l’ardeur des marchés financiers à se refaire une santé sur les décombres de l’hydre microbienne.


Il y a en effet un abîme entre la façon dont le capitalisme autoritaire se confronte à la crise sanitaire en récusant son incurie (pas de masques, pas de gel, pas de respirateurs, pas de lits, etc.) et ce qu’il y aurait lieu de bien intégrer pour faire face aux effondrements écologiques et protéger nos milieux terrestres contre une cohorte d’élites indifférente à la misère des autres.


Ne pouvant souffrir que leur dystopie ralentisse quels qu’en soient les effets, ils veilleront à ce que rien de neuf ne puisse naître. Pour eux, seule la soif de profit doit l’emporter, comme avant. « L’espoir ne fait pas de poussière », écrivait Eluard.

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