Supplique pour Gaza
- Dominique Jacques ROTH
- 25 mai
- 2 min de lecture
Le fait est que la population gazaouie agonise. Seuls six pays européens, dont l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, ont dénoncé le nouveau plan de conquête de Gaza présenté par Israël, rejetant « fermement tout changement démographique ou territorial « susceptible de constituer » une violation du droit international ».

Toutes les caractéristiques d’un génocide sont réunies : famine organisée, destruction des infrastructures essentielles comme l’accès à l’eau ou à l’électricité, destruction des habitations, des hôpitaux, des écoles et des titres de propriété, privation de gasoil, déplacement de la population qui ne sait plus où aller, blocus de l’aide humanitaire, attaque contre les membres des ONG, les journalistes et les équipes de la Croix Rouge. Enfin, comparaison de sinistre mémoire, le ministre de la Défense israélien tient tous les Palestiniens pour des animaux humains.
Soutenus par Trump, Netanyahou et Smotrich semblent totalement immunisés contre toute contestation d’où qu’elle vienne, affichant désormais leur volonté de conquérir le territoire gazaoui de manière totalement décomplexée, comme si le cynisme et la force constituaient le dernier mot de ce conflit, au mépris de toute considération juridique ou éthique. Ce qui est donc en jeu est non seulement la mort d’une société, mais aussi la perte d’une pensée à vocation pacifiante. Jusqu’où la sécurité du peuple palestinien sera-t-elle sacrifiée pour la sécurité d’Israël ?
Les dirigeants israéliens actuels font honte à la mémoire des terribles souffrances endurées par leur peuple sous le régime nazi, en infligeant à leur tour aux Palestiniens une ignominie dénoncée par leurs propres éminences religieuses. La France critique les exactions tout en réprimant les soutiens à la Palestine et l’idée longtemps refoulée que les dirigeants israéliens puissent à leur tour commettre un génocide fait retour dans le réel.
La Nabka a débuté en 1948 en expulsant une partie de la population arabe de Palestine. C’est cette logique qui se poursuit à présent dans une mouvance totalitaire en expansion de par le monde. Des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes en situation de mort imminente sont livrés à leur sort.
Alors que tout le monde devrait être dans la rue pour dénoncer cette abjection, c’est au contraire l’intimation au silence qui prévaut. Est accusé d’antisémitisme tout geste visant à dénoncer l’atrocité du sort assigné à une population civile innocente livrée aux oukases du Hamas qui ne rend aucun compte de ses actes à la population. Cet imbroglio alimente un climat délétère pour la démocratie. De surcroît, lors d’un sondage mené auprès de 936 universitaires spécialistes du Moyen-Orient, 82 % des personnes interrogées ont affirmé s’autocensurer.
L’Afrique du Sud la première a eu le courage de poursuivre Israël devant la Cour internationale de justice et 14 autres pays entendent se rallier à elle. Dans l’attente de la réponse de la Cour, c’est la Palestine qui risque de disparaître, comme issue inique, radicale et atroce du conflit avec son lot de conséquences, encore impensables, dans le futur.
Tribune de l'Humanité publiée le 22 mai 2025.
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