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Photo du rédacteurDominique Jacques ROTH

Une tribune parue dans L'Huma (11 octobre 2024)

Après la décision de dissoudre l’assemblée Nationale, celui qui fut taxé de « président pyromane » et de « chimiste fou » demande à présent aux partis d’être à la hauteur d’une situation dont il est lui-même l’ingénieur en chef. La nouveauté en termes de communication tient à la récente clarification présidentielle affirmant que « l’espace démocratique est désormais soumis aux exigences du capital ». Quoique la substitution des intérêts des institutions républicaines et du peuple soit un secret de polichinelle, il indique en revanche le niveau de cynisme décomplexé de Jupiter aux manettes. Le Führer ne s’y est pas pris autrement en laissant ses accointances capitalistes prendre le pas sur les intérêts du peuple allemand qui en a acquitté le prix fort. Toutes proportions gardées, même si Macron II se défend de toute velléité guerrière, la logique majoritaire et constitutionnelle passe à présent officiellement sous la houlette des exigences pro-business du Medef.


Quand réformer signifie retirer les acquis sociaux sans relâche après avoir ignoré les pouvoirs intermédiaires, réprimé le mouvement des Gilets Jaunes et la réforme des retraites, après le débat cynique sur l’immigration et sa détermination inentamée à faire payer ceux qui n’ont pas les moyens, à force de louvoyer et de vider les mots de leur signification, détesté pour son indifférence aux revendications sociales, ses promesses creuses, ses faux-semblant et autres volte-face, après avoir agité le risque d’une guerre civile dont il pourrait bien être l’artisan, le président dévoile à présent son jeu sans ambages, faisant le lit du RN comme nous le disions déjà dans une tribune du 11 mai 2017 au lendemain de sa première victoire.


Les promesses d’abondance des Lumières se transforment ainsi en prêche sur les vertus supposées de la concurrence et de l’austérité aux antipodes du bien commun. De même, les causes néolibérales de l’accroissement asymptotique de la dette depuis 1973 ne sont jamais soulevées. Rappelons que les gouvernements se sont donnés en pâture aux marchés financiers et aux agences de notation de triste mémoire : les indicateurs étaient au beau fixe la veille de l’implosion de Lehman Brothers.


L’invective permanente, l’insensibilité à la souffrance et la violence ne seront jamais un remède à la fin de civilisation dans laquelle le culte du nombre et de l’illimité nous engage, lorsque les dispositifs qu’une soi-disant raison a créés entrent en contradiction avec l’intérêt bien compris des espèces.


Ce n’est pas l’interventionnisme de l’État incriminé par Friedrich Hayek dans les routes de la servitude qui mène au totalitarisme mais bien l’hubris de l’initiative privée assujettissant les peuples au sein des États.

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