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Photo du rédacteurDominique Jacques ROTH

Un totalitarisme techno-libéral

Dernière mise à jour : 12 févr. 2022


Arrivé en tête au premier tour avec 18% des voix, puis élu à défaut pour contrer le Rassemblement National, la présidence jupitérienne profitant aux riches et aux multinationales est de plus en plus mal supportée. En France, un seul homme décrète désormais les détails les plus infimes de nos vies publiques, se jouant des révoltes, toute résistance s’exposant aux répressions administratives, policière et judiciaire. Après le mouvement des Gilets jaunes, gronde l’insoumission contre le « passe sanitaire » et ses incohérences. Le locataire de l’Élysée s’offusque cependant qu’on qualifie la France de dictature, se soutenant des textes constitutionnels qui l’autorisent à faire ce qu’il fait. Imparable.


A cette aune, le « passe » risque de n’être qu’un galop d’essai visant à instaurer une société de contrôle restreignant de plus en plus les libertés sous prétexte d’urgence, terroriste d’abord, sanitaire à présent, pour emprunter le chemin d’un état d’exception perpétuel au profit de l’envahissement technoscientifique et marchand. Cette dépendance à une forme originaire initiée par Pythagore (toutes choses participent nécessairement du nombre), développée dès la fin du XVe siècle, s’est métastasée à partir du milieu du XIXe siècle.


Maintenant son cap ultralibéral, numérique et écologiquement nocif, l’État français ne cesse de déliter l’écosystème, de mener des politiques d’austérité qui affaiblissent l’hôpital, les services sociaux, le système éducatif, favorisent les syndémies et creusent les inégalités. La démocratie ayant aussi produit MM. TRUMP et BOLSONARO, il y a certes des sociétés plus ou moins dictatoriales mais cela fait longtemps que le modèle managérial chinois fait office « d’idéal du moi » patronal. Assoiffées de maîtrise et faisant feu de tout bois pour imposer la rationalité calculatrice, les élites sont fascinées par l’approche techno sécuritaire chinoise décidant de l’attribution des niveaux de citoyenneté.


Promettre aux jeunes qu’ils reviendront à une vie normale après leur vaccination alors que variants et zoonoses ne demandent pas l’autorisation de s’installer, oscille entre illusion et mensonge. L’OMS prévoit que d’ici à 2030, sous l’expansion illimitée du profit, avec un mode de vie productiviste à tout crin empreint d’alimentation industrielle, de stress, d’augmentation de l’obésité, de pollutions diverses, etc., la proportion de décès dus aux cancers, aux maladies cardio-vasculaires, au diabète et à quelques autres maladies chroniques, va progresser de 70 %, sans oublier les 65 millions de morts que le Comité européen sur le risque d’irradiation (CERI) impute au nucléaire civil et militaire, aucune population au monde n’ayant jamais été associée à ces choix.


Cela fait donc longtemps déjà que la forme numérale de nos sociétés dénuées d’affect, imbues d’efficacité froide et de rentabilité, sont de moins en moins démocratiques. Avec un réchauffement catastrophique de 2,7° annoncé par Antonio GUTERRES, aucun pays n’ayant à ce jour élaboré une stratégie à la hauteur des accords de Paris, l’infléchissement totalitaire scientifique, technique et marchand ne proviendra pas d’un supplément de technoscience et de mondialisation sous contrôle des marchés financiers, mais d’une politique inédite élaborée en vue d’un changement de civilisation drastique, -ce que ne manque pas de nous rappeler le dernier rapport du GIEC-, urgence qui gagnerait à ne pas se conjuguer au passé antérieur (il eut fallu que…). Une chose en revanche suscite peu de doute : le rafraîchissement de la planète ne dépendra pas en première intention des réformes de l’assurance chômage et des retraites.


Paru dans l'Humanité du 22-10-2021







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