Les approximations, le ton de dérision haineuse à grand renfort de dessins animés tendancieux qui parcourent le film de Sophie Robert intitulé « le Phallus et le néant » à l’origine de la tribune controversée de Véronique Radier signée par Martine Wonner, (député LREM de la 4e circonscription du Bas Rhin, membre de la Commission des affaires sociales), constituent un fatras de notions analytiques témoignant de nombreux contresens devant être attribués à une profonde méconnaissance des textes de Freud et de Lacan, ainsi que de la pratique analytique.
Un certain courant de psychiatrie et de psychologie biologisante ou comportementale, obsédé par l’efficacité de la mesure subordonnée à l’idéologie de « l’évaluation » fait l’impasse sur l’épigénétique et le sens, personne n’ayant jamais réussi à évaluer une psychothérapie de manière objective. Partout, les humanités disparaissent au nom d’une science faussement objective gouvernée par des algorithmes et des procédures standardisées qui se réclament des neurosciences. Ce courant proche du management et de « l’organisationnel » sans rapport avec une conception de l’homme fondée sur l’énonciation d’une parole avec la dimension inconsciente qui lui est rattachée, est orienté vers la dictature scientifique technique et marchande qui, depuis quelques décennies, ne cesse de chosifier l’humain, promeut nombre de théories qui reposent sur des hypothèses présentées au public comme validées scientifiquement, avec la complicité de professeurs, de psychologues et de médecins, allant dans le sens des intérêts de l’industrie pharmaceutique.
Il n’existe pas de médecine objective, purement scientifique, dont les diagnostics ne seraient influencés par la culture d’une époque en un lieu donné du monde. L’image de synthèse tend à devenir la preuve suprême non pour « faire science », mais pour emporter la conviction de personnes crédules ou mal informées. Le TDAH par exemple, très à la mode, est une théorie organiciste, une pseudo-maladie ne relevant pas « des données acquises de la science » et vouée au traitement médicamenteux. De nombreux ouvrages tels que Tristesse business, le scandale du DSM5 (Patrick Landmann), La santé totalitaire, La folie évaluation (Roland Gori), rendent compte du contexte de psycho marketing de conflits d’intérêts, de corruption, d’a priori idéologiques, de querelles d’experts, et d’études biaisées non significatives cherchant à évacuer le sujet de la parole.
L’imaginaire contemporain vise une mutation anthropologique majeure à partir du possible technoscientifique qui chosifie l’humain à l’aide de procédures standardisées. L’intelligence artificielle, les neurosciences, le transhumanisme, etc., sont érigés au statut de nouvel impératif catégorique. Mais la science, conformément à la loi de Gabor, ne pense pas et c’est fréquemment, de manière souvent non prévisible, que le « non voulu » de catastrophes déplorées, prend le dessus.
Le Ministre Blanquer, qui voue un véritable culte aux thèses neuroscientifiques et comportementalistes de Stanislas Dehaene, réduit l’esprit non seulement à un super ordinateur, mais au cerveau conscient. Le discours du Capitaliste coupant le lien entre le sujet et l’inconscient, rêve de guérir toute pensée qui ne se cantonnerait pas à la validation des options ultralibérales exclusivement orientées vers le profit. Réduire la pensée à ce qui se passe dans le cerveau d’un sujet à partir d’un scan en couleurs qui ne dit rien du contenu d’une pensée, est une pure absurdité.
Enfin, la psychanalyse, qui est loin d’avoir disparu, ne grève en rien le budget de l’Etat puisqu’elle est prise en charge par le patient et non par la Sécu. Les psychanalystes, psychiatres ou psychologues diplômés, sont des cliniciens de la parole, dont aucun ne peut figurer à l’annuaire sans avoir communiqué au préalable son numéro ADELI qui spécifie son statut professionnel. La psychanalyse est modestement une méthode -du grec hodos, qui signifie voie, route, direction- dont les seules preuves possibles résultent de la qualité transférentielle et de l’effet d’une parole singulière énoncée au sein de la cure. Ce dispositif fondé sur l’écoute des patients, sur une clinique soucieuse d’épistémologie, comptant nombre d’auteurs publiant régulièrement, produit des résultats que la science expérimentale échoue à mesurer mais qui, n’en déplaise à ses détracteurs naïfs mal informés ou cyniques agressifs, n’en sont pas moins réels et que les maniaques de la « preuve algorithmique» ne peuvent supporter.
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